Hiver

Cette nuit là j'avais rêvé de la mort. De ma mort. Le vieux chat de la maison m'avait réveillé de ses miaulements aigus. Dans un demi sommeil je m'étais retournée et n'y avais plus pensé. Jusqu'au matin, dans les brumes de l'éveil, face à ma tasse de lait. Tous assis autour de la table de la cuisine nous avons appris la mort de notre grand oncle.
Je ne le connaissais pas, il avait toujours été présenté comme un Personnage, résistant et patriarche. Pour moi c'était une sorte de héros mythique à la haute stature et au regard fier; nimbé d'irréalité à force de mythe. Dans la voiture qui nous amenait chez notre grand mère, je regardais le paysage défilé par la fenêtre. Le gèle avait presque tout figé mais les rayons rasant du soleil d'hiver brisait peu à peu la glace. Chaque touffe d'herbe, chaque arbre était merveilleux, je tentais de m'imprégner de ce sentiment, de cette grandeur. Je n'étais pas triste, j'étais mélancolique et peu concernée.

Ma soeur à ouvert la porte et nous avons tous pénétrés dans la petite maison de ma grand mère. Dans le couloir elle était ridée et blême, rendue diaphane par la tristesse de la nouvelle. Sa vieillesse ne m'étais jamais apparut aussi clairement. J'ai embrassé cette vieille chose pour un dernier adieu avant notre départ de la région. Elle ne tremblait pas mais était désespérée. Elle sentait le médicament et son pull était rugueux contre ma joue. Nous sommes repartis, et avons longuement agités nos bras par la fenêtre de la voiture. Jusqu'au premier virage en fait.